• Géopolis11.11.2016

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    COP22: adapter les économies des pays pauvres aux menaces climatiques

    Par Michel Lachkar@GeopolisFTV | Publié le 11/11/2016 à 17H48, mis à jour le 11/11/2016 à 18H00

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    COP22 conférence Nations Unies sur climat à Marrakech novembre 2016
    COP22: conférence des Nations Unies sur le climat à Marrakech (novembre 2016).© AFP/Jalal Morchidi / Anadu Agency

    Une certaine inquiétude a traversé la COP22 de Marrakech après la victoire de Donald Trump. Les USA pourraient réduire leurs engagements et leurs financements, fragilisant ainsi les accords de Paris sur le climat. Le porte-parole des pays les moins avancés (PMA) se veut rassurant: «l'élan politique mondial construit ces dernières années se poursuivra», affirme le Congolais Tosi Mpanu Mpanu.


    La COP22 réunie à Marrakech doit mettre en œuvre les accords de Paris sur le climat. Les pays les moins avancés veulent éviter l'étape des centrales à énergies fossiles pour aller directement aux énergie renouvelables. Les pays les moins avancés veulent avant tout adapter leurs économies et leur agricultures aux conséquences du changement climatique et protéger leurs populations les plus vulnérables.

    Quels sont les enjeux de cette COP22 pour les PMA, notamment ceux d'Afrique?
    Le monde compte sur la COP22 pour commencer la mise en œuvre de l’accord de Paris, et passer à l’action. Les PMA représentent un groupe diversifié de 48 pays qui travaillent ensemble pour mettre en place des projets d'adaptation au réchauffement climatique, renforcer la résilience de nos économies et protéger les communautés vulnérables. Les PMA ont pour objectif d’accélérer la production d'énergie verte sur le continent africain. Pour les pays les moins avancés, une action ambitieuse de la communauté internationale est une question de survie. L’avenir de nos pays est en jeu.

     

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    La COP22 est aussi l’occasion de préciser la montée des engagements financiers?
    Les PMA demandent des ressources financières à la hauteur des besoins réels de nos pays. Nous ne pouvons pas attendre 2020. La montée en puissance des ressources financières est nécessaire immédiatement. Les 100 milliards d'engagement promis à Paris après 2020 sont un minimum, un plancher qui doit être réévalué dans l'avenir.
     
    La transition énergétique a-t-elle commencée dans les PMA?
    Les PMA assurent aux Africains une voix et un accès à l'Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique (AREI). Cette initiative stimulera la croissance de l'énergie verte dans les communautés les plus pauvres du monde et permettra aux PMA de franchir un pas technologique et sortir des combustibles fossiles. Nous avons l'intention de mettre en œuvre ces actions dès que possible, mais cela dépendra des soutiens financiers et techniques que nous aurons.


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    Actu-Environnement09 novembre 2016  

     

    Les climatosceptiques au pouvoir avec Donald Trump

     

    Avec l'élection de M. Trump, le pays se réveille divisé en deux Amériques : celle qui pensait engager une transition énergétique, et celle qui fait fi des accords climatiques mondiaux et entend retourner au charbon, en déniant la science du climat.

    Contre toute attente, Donald Trump est arrivé en tête cette nuit dans la majorité des Etats, laissant loin derrière lui Hillary Clinton. Le Républicain Donald Trump a remporté un à un la plupart des Etats-clefs, les "swing states", à commencer par l'Ohio, puis la Floride et l'Iowa ainsi que la Pennsylvanie et le Wisconsin. Il prendra officiellement ses fonctions le 20 janvier 2017, dans un pays désormais profondément divisé.

    Son élection n'en finit pas de provoquer la sidération et inaugure un monde nouveau, une terra incognita. Ses discours pendant sa campagne ont clairement annoncé ses intentions de développer la production d'énergies fossiles des Etats-Unis tout en sortant du cadre international sur le climat. M. Trump a décrit l'Accord de Paris comme "incroyable", promettant de retirer les Etats-Unis de ses signataires, et déclarant que le changement climatique était un canular propagé par la Chine afin de rendre l'industrie américaine moins compétitive. Selon les dispositions de l'Accord, les Etats-Unis ne pourront cependant pas s'en dédire juridiquement avant une période incompressible de quatre ans.

    La détermination de M. Trump à démanteler les pouvoirs de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) annonce une marginalisation sinon un déni pur et simple des politiques environnementales que son prédécesseur Barack Obama avait tenté de conforter malgré le blocage du Congrès. L'EPA est habilitée par le Clean Air Act à limiter les gaz à effet de serre et les émissions de polluants atmosphériques issus des centrales à charbon. Considérée comme une adversaire de l'industrie américaine, elle sera profondément remaniée et départie de son statut de contre-pouvoir environnemental.

    Verrouillage des postes

    M. Trump a proposé de nommer Myron Ebell à la tête de l'EPA, directeur du Centre for Energy and the Environnement au sein du Competitive Enterprise Institute, groupe qui s'appuie sur des  sur des théories scientifiques négationnistes pour mettre en question "l'alarmisme sur le réchauffement global". M. Ebell est un climato-sceptique notoire qui se dit convaincu que le Plan pour l'énergie propre (Clean Power Plan) de Barack Obama, pivot de la transition énergétique étasunienne, est non seulement une dépense inutile de fonds publics, mais une mesure illégale parce qu'elle impose des régulations aux entreprises.

    Le quarante-cinquième président des Etats-Unis aura le pouvoir de nommer les juges de la cour suprême. La nomination de juges au sein de la cour d'appel des Etats-Unis pour le circuit du district de Columbia (United States Court of Appeals for the District of Columbia Circuit), cour d'appel fédérale de la ville de Washington DC aux Etats-Unis, pourrait également avoir une influence sur les futures décisions concernant les régulations environnementales. Sans compter les postes au ministère de l'Energie et à la Commission fédérale de régulation de l'énergie.

    Retour en grâce des énergies fossiles

    Donald Trump est conseillé par le représentant républicain du Dakota du Nord, Kevin Cramer, qui affiche des positions climato-sceptiques et défend la fracturation hydraulique dans cet Etat truffé de forages de pétrole de schiste. Le futur président ouvrira sans réserve les vannes de la production de ces gaz et huiles non conventionnels et confiera aux marchés le soin d'arbitrer entre les énergies, a-t-il annoncé au cours de sa campagne. Déjà bon marché, les énergies fossiles le seront encore davantage, au détriment des politiques d'efficacité énergétique. L'industrie automobile américaine a notamment engagé de nouveaux standards pour des véhicules plus légers en vue d'une économie de 500.000 barils par jour d'ici à 2020, rapporte l'agence Standard and Poor's. Les réglementations sur les émissions de méthane au cours des processus d'extraction et de raffinage seront aussi abolies.

    Tandis que Hillary Clinton s'était engagée à restreindre les forages offshore au Golfe du Mexique mais à les interdire sur la côte Est, Donald Trump ouvrira le champ à de nouvelles prospections. Là où Barack Obama avait fini par céder aux pressions des environnementalistes, M. Trump n'aura sans doute pas d'état d'âme, qu'il s'agisse du tracé du pipeline Dakota Access contesté par les communautés indiennes locales, ou du géant Keystone XL. Si M. Trump ne s'est pas encore prononcé sur la controverse autour du pipeline Dakota Access, ses investissements personnels dans des sponsors du projet, Energy Transfer Partners et Phillips 66, n'augurent pas son retrait. Sur l'oléoduc Keystone XL, M. Trump a engagé l'opérateur TransCanada à renouveler sa demande de permis, rejetée en 2015 par l'administration Obama.

    Quant aux énergies renouvelables, un abaissement de la taxe pour les investissements de 30% à 10% aurait pour conséquence de couper la demande en installations solaires de 60%, selon S&P Global Market Intelligence. "Donald Trump ne peut pas changer le fait que les énergies solaire et éolienne sont en passe de devenir plus accessibles et moins coûteuses que les polluants carburants fossiles. Grâce à la mobilisation des marchés et de la société civile en faveur des énergies propres, il reste un large espace pour réduire la pollution climatique, même sous la présidence de Trump", veut croire ce matin Michael Brune, directeur du Sierra Club, la plus ancienne ONG environnementale du pays.

    Agnès Sinaï

    Agnès Sinaï

    Journaliste : Rédactrice spécialiséeAgnès Sinaï est journaliste indépendante (Actu-environnement, Ecologik, Le Monde diplomatique, La Revue durable,), auteure de divers ouvrages, dontSauver la Terre, co-écrit avec Yves Cochet (Fayard, 2003), Veilleurs de l'eau(La Découverte, 2007), et Labo-Planète (1001 Nuits, 2011, co-écrit avec Jacques Testart et Catherine Bourgain) et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris.

     


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    Pour en finir avec les barquettes plastiques dans nos cantines !

    Logo Laura Chatel le 18/10/2016

     

    Article_barquettes

    Difficile de savoir aujourd’hui combien de barquettes plastiques jetables sont utilisées et jetées chaque jour dans nos cantines scolaires, hôpitaux et maisons de retraite. Si aucune donnée précise n’est disponible à l’échelle de la France, il suffit de se renseigner sur les modalités d’approvisionnement des cantines de sa région pour découvrir que la barquette jetable est massivement utilisée. Ceci n'est pas du goût de tous les citoyens, qui commencent à s'organiser.

    MOBILISATION CITOYENNE

     

    Ainsi à Strasbourg par exemple, des parents d’élèves se mobilisent depuis la rentrée à l’initiative d’une mère de famille. Ils se sont réunis à plusieurs reprises, ont contacté leurs élus et lancent aujourd’hui une lettre ouverte pour demander un passage rapide aux contenants réutilisables en inox. Leur objectif : faire en sorte que les critères d’attribution du marché des cantines scolaires évoluent en 2017, pour privilégier des prestataires qui travaillent avec du réutilisable.

    Ils suivent en cela l’exemple d’une autre mobilisation réussie : celle des parents de la ville des Sables d’Olonne en Vendée, qui avaient lancé une pétition l’année dernière sur le même sujet. Leur mobilisation a payé puisque la ville a finalement décidé pour la rentrée 2016 de confier le marché des cantines à une entreprise qui n’utilise pas de jetable, et ce à coût égal.

    DES RISQUES POUR LA SANTE ET L'ENVIRONNEMENT

    Ces parents ont de bonnes raisons de se mobiliser! Multipliées par le nombre de repas distribués chaque jour en France, ces barquettes à usage unique donnent assez rapidement des chiffres vertigineux sur la quantité de déchets produits du fait de cette “habitude”, pourtant relativement récente. Rarement recyclables et encore moins souvent recyclées, elles finissent en incinérateurs ou en décharge, aux frais de la collectivité.

    Au-delà de la production de déchets, l’usage des barquettes plastiques interroge aussi du point de vue de la santé. Réchauffée, la matière plastique relâche en effet certaines substances chimiques dans les aliments comme le Bisphénol A ou les phtalates, les fameux “perturbateurs endocriniens”, accusés à terme de causer certaines maladies.

    A l’heure où la mode est à l’introduction du bio dans les cantines scolaires et à la mise en place de plans zéro déchet à l’échelle des territoires, l’usage persistant de ces barquettes plastiques a quelque chose d’assez anachronique, pour ne pas dire d’absurde.

    UNE QUESTION DE VOLONTÉ POLITIQUE


    D’autant que les obstacles au remplacement de ces barquettes par des contenants en inox réutilisables sont loin d’être insurmontables. Dans la plupart des cas, il s’agit avant tout d’investir dans un four plus grand ou dans du matériel de lavage, et de former le personnel à la manipulation de contenants en inox. Surtout, l’opération ne coûte pas plus cher et permet de réduire les coûts d’élimination des déchets produits. Ainsi, l’utilisation de contenants réutilisables à la place du jetable était même citée comme un moyen de réduire le coût de gestion des cantines scolaires dans une enquête de la fédération des maires des villes moyennes publié en 2009. D’un point de vue juridique, les règles applicables à la commande publique intègrent de longue date la possibilité d’imposer des critères de sélection des entreprises liés au développement durable, ainsi qu’au cycle de vie des produits, pour peu que ces critères soient suffisamment précis.

    Dans ce contexte, une mobilisation citoyenne sur ce sujet pourrait faire rapidement changer les choses. L’occasion de se renseigner sur les dispositifs mis en place dans votre ville et s’emparer du sujet !

    projet.cantines.strasbourg@gmail.com   https://www.facebook.com/projet.cantines.strasbourg

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  • La loi sur la biodiversité est publiée au Journal officiel

    La loi sur la biodiversité, qui compte 174 articles, est parue. Elle crée l'Agence française pour la biodiversité, définit les principes de préjudice écologique et de non-régression du droit de l'environnement ou encore bannit les néonicotinoïdes.

     

    La loi sur la biodiversité est publiée au Journal officiel Cet article a été publié dans Environnement & Technique n°362
    Voir un extrait du numéro | Acheter le numéro]

    Adoptée le 20 juillet dernier par le Parlement, la loi sur la biodiversité a été publiée ce mardi 9 août au Journal officiel. La publication de ce texte, qui compte 174 articles, intervient après un parcours législatif de plus de deux ans. Saisi les 21 et 22 juillet dernier par les députés et sénateurs Les Républicains, le Conseil constitutionnel a validé la loi le 4 août.

    L'Agence française pour la biodiversité en 2017

    La loi confirme la création de l'Agence française pour la biodiversité (AFB), l'une des mesures phares. Elle sera opérationnelle le 1er janvier 2017. L'AFB regroupera l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema), les Parcs nationaux de France, l'Agence des aires marines protégées et l'Atelier technique des espaces naturels (Aten), représentant au total 1.200 agents. Elle apportera un appui scientifique, technique et financier aux politiques de l'eau, de la biodiversité et des milieux marins, de l'Etat et des collectivités territoriales. L'AFB exercera des missions de police administrative et de police judiciaire relatives à l'eau et à l'environnement, en liaison avec les établissements publics compétents dans le cadre d'unités de travail communes.

    De nouveaux principes dans les codes de l'environnement et civil

    Autres avancées : cette loi inscrit de nouveaux principes dans le code de l'environnement : non-régression du droit de l'environnement, solidarité écologique et objectif de "zéro perte nette de biodiversité". Auxquels s'ajoutent la protection des sols d'intérêt général, en les intégrant au patrimoine commun de la nation et un nouveau chapitre dédié à la compensation des atteintes à la biodiversité dans le code de l'environnement. La loi inscrit également dans le code civil un régime de réparation du préjudice écologique pour renforcer et consolider les acquis de la jurisprudence en instaurant le principe du pollueur payeur dans la loi.

    La protection des espèces renforcée

    La loi renforce également les outils de protection des espèces en danger, via la création de zones prioritaires pour la biodiversité et de zones dédiées à la conservation des zones fonctionnelles desressources halieutiques. Elle prévoit également des dispositions relatives aux obligations réelles environnementales, mécanisme qui permet à un propriétaire de mettre en place des mesures de protection de l'environnement pérennes grâce à un contrat passé avec une personne morale garante d'un intérêt environnemental.

    La loi interdit aussi l'utilisation des pesticides contenant des néonicotinoïdes à compter du 1er septembre 2018. Des dérogations pourront être accordées jusqu'au 1er juillet 2020. Afin de limiter l'impact des déchets plastiques en mer, elle interdit en outre les microbilles en plastique dans les cosmétiques dès 2018 et les cotons-tiges avec une tige plastique en 2020. Les sanctions pénales pour lutter contre le trafic des espèces menacées sont aussi renforcées. Le texte permet également la ratification du protocole de Nagoya qui encadre l'accès aux ressources génétiques et aux connaissances traditionnelles associées, ainsi que le partage des avantages (APA) qui en découle.

    Les échanges de semences facilités

    La loi bannit aussi le brevetage des produits issus des procédés essentiellement biologiques pour lever le frein à l'innovation provoqué par la multiplication des dépôts de brevets sur le vivant. Pour préserver la biodiversité cultivée, les échanges et cessions gratuites aux jardiniers amateurs, et les échanges gratuits entre agriculteurs, de semences végétales appartenant au domaine public, non inscrites au catalogue officiel des semences végétales, sont également autorisés.

    Rachida Boughriet

    Rachida Boughriet

    Journaliste : Rédactrice spécialiséeDe formation en communication et journalisme et spécialisée en environnement, Rachida a rejoint Actu-Environnement en 2006, après un stage de fin d'études, avant d'intégrer la rédaction en tant que journaliste spécialisée.

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    Pourquoi Docteur 27.07.2016

    Pesticides : le rapport explosif de l’Anses sur l’exposition des agriculteurs

    Pesticides : le rapport explosif de l’Anses sur l’exposition des agriculteurs

     

    Il aura fallu du temps à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour publier ce rapport, fruit d’un travail de cinq années passées à éplucher la littérature relative aux pesticides, les données sur les travailleurs exposés, et les maladies engendrées. Par trois fois, la publication de ces 1000 pages réunies en sept volumes a été reportée ; les ONG craignaient que le texte ne soit enterré à jamais.

    Désaccords internes

    Mais il est bel et bien en ligne, sur le site de l’Agence. Diffusé en pleines vacances d’été, certes, sans communiqué de presse ni conférence, c’est vrai ; mais on peut désormais le consulter.

    Preuve de l’embarras autour par ce rapport ultra-sensible, l’Anses explique son retard par la réception tardive d’une note faisant état d’une position divergente « émanant de deux experts du groupe de travail ayant mené cette expertise ». Une sorte de véto posé en interne par ces deux chercheurs, alors que les travaux de l’agence visent notamment à évaluer la capacité de ses propres services à faire face à la question de l’exposition aux pesticides.

    Opacité des données 

    Or, c’est bien un aveu d’échec qui apparaît en filigrane dans ce rapport. L’exposition des travailleurs aux produits phytopharmaceutiques demeure largement sous-documentée, faute d’études indépendantes, souligne l’Anses. Le nombre d’agriculteurs exposés s’élève à un million, mais c’est sans compter les « centaines de milliers de travailleurs non permanents ainsi que plusieurs dizaines de milliers de stagiaires ».

    « Aucune organisation en France n’est en charge de produire [les données relatives aux expositions aux pesticides]. Ces données, qui peuvent également être utilisées dans le cadre de l'homologation des produits, sont pour certaines produites par des organismes non indépendants (ayant un intérêt économique à la vente de pesticides, soit directement via la vente de produits, soit indirectement via la commercialisation de produits d'aval) », peut-on lire.

    Politiques inadaptées 

    Le groupe d’experts relève également que les mesures déployées pour limiter l’exposition relèvent d’une logique inappropriée. Ces politiques sont « en grande partie centrées sur quelques déterminants matériels de l’exposition relevant du comportement individuel des personnes au travail : mesures d’hygiène, port d’équipements de protection individuelle ».

    Or, « selon les principes généraux de prévention en santé travail, ces mesures ne devraient être utilisées qu’en dernière intention après la substitution et la mise en œuvre de mesures de prévention collective, relatives par exemple à l’organisation du travail ».

    Les experts recommandent de limiter en premier lieu le recours aux pesticides, impératif qui doit prévaloir dans les années à venir. Par ailleurs, un effort intense sur la formation aux dangers, aux risques et à la sécurité d’utilisation doit être déployé. « Les préoccupations de santé au travail relatives à l’exposition aux pesticides des personnes travaillant dans l'agriculture sont prises en compte de façon très hétérogène et parfois réduite lors de la formation initiale destinée à ces personnes », ce qui ne permet pas de sensibiliser les premiers concernés, déplore l’Anses. 

    Pesticides : la carte de France des personnes exposées

    L’ONG Générations Futures publie une carte rassemblant les témoignages de victimes de pesticides, riverains comme agriculteurs, ainsi que les acteurs locaux qui militent pour un usage plus régulé.

    Pesticides : la carte de France des personnes exposées

    Mots-clés :
    pesticide
    agriculture
    pollution
     
     

    Leur maison est cernée de vergers, de champs, de vignes. Lors des campagnes de traitement, l’air de leur jardin se charge de pesticides qui imprègnent les draps étendus dehors, et retombent sur la table du déjeuner. D’ailleurs, cela fait bien longtemps qu’ils ne mangent plus à l’extérieur à la période des épandages. Le problème, c’est qu’ils sont constamment exposés, jusque dans leur chambre, et même en hiver.

    "Fédérer les victimes"

    Les victimes des pesticides témoignent, et leur voix a désormais un support unique. Générations Futures publie ce matin une carte française des personnes exposées aux produits phytosanitaires. Plusieurs centaines de récits, alertes et plaintes y sont réunis, récoltés par l’ONG et par des associations locales.

    Le panel des victimes est large. Il comprend des agriculteurs exposés dans le cadre de leur profession, des riverains installés aux abords des cultures. Certains ont développé des pathologies caractéristiques et soupçonnent un lien avec les pesticides. D’autres ont effectué des mesures dans leur maison et découvert des niveaux alarmants de pollution. Après un long combat contre la maladie, quelques témoins ne sont plus de ce monde.

    « Les témoignages se sont accumulés ces dernières années, avec un pic très net depuis un ou deux ans, explique François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. Cette carte a vocation à fédérer les victimes et les acteurs locaux pour donner plus de poids à leur voix, alors qu’il est parfois difficile de dénoncer une situation lorsque l’on est isolé en zone agricole ».


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